10h25. Départ de Santa Cruz. Nous décollons pour la troisième en deux jours dans ce que j'appelle une belle aberration écologique : notre avion est à moitié vide ! Cela arrive allez-vous me dire. Et bien peut-être mais cela doit arriver souvent en Bolivie, surtout quand un vol pour Sucre de la compagnie concurrente par 5 minutes après le nôtre... Enfin, bref, encore une fois, passons l'aspect écologique de ce voyage...
Santiago est plus qu'enthousiasme et sa bonne humeur est contagieuse. Bolivia, c'est y est, nous y sommes ! L'aventure n'attend plus que nous !
La région de Santa Cruz se révèle à nos regards curieux. Sous nos yeux ébahis s'étend à perte de vue une plaine immense, nuancée de parcelles vertes, ocres, brunes, grises. Un fleuve aux reflets brun-orangés serpente au loin. Quelques villages se forment deci-delà. Bientôt apparaissent des collines verdoyantes, couvertes semble-t-il par de larges forêts. D'un coup, sans prévenir, elles se transforment, s'élèvent en pics fiers et crêtes ciselées : l'Altiplano, le cœur de la Bolivie. Nos yeux pétillent d'émerveillement. Les vallées s'enchainent les unes après les autres, étonnement régulières. Les crêtes flirtent avec des nuages cotonneux, dévoilant sans pudeur vertes vallées et rivières grises. Après quelques minutes de vol extatique, le paysage change de nouveau, comme pour nous dire "Arrêtez de faire cette tête de merlan fris, vous n'avez encore rien vu!". Et c'est peu dire ! Une montagne massive à plateau s'impose à notre œil incrédule. Alors qu'une crête plus tôt, monts et vallées s'enorgueillissaient de différentes teintes de vert, cette montagne solitaire s'embrase d'ocre. Un fleuve large, aux méandres multiples dessine ses flancs de motifs tout en courbe, sombres et puissants. A ce moment là, une chose est sûr : un beau voyage s'annonce !
Le paysage défile, propice à la rêverie. Paris arrive sans prévenir. La gare là-bas se mêle à l'aéroport, impossible de se perdre. On dirait que c'est fait exprès !
Après un déjeuner qui m'a couté la peau du fessier (il n'y avait pourtant qu'une pauvre part de pizza et un muffin), nous nous dirigeons vers notre supposé quai d'embarquement, que nous trouvons étonnement facilement. Santiago, suspicieux, me signale qu'il doit y avoir anguille sous roche (il faut dire que lors de son dernier voyage, il avait embarqué dans un vol pour Moscou alors qu'il partait à Montréal). Je chasse ces mauvaises ondes d'une main, aujourd'hui la chance est avec nous.
17h20. Départ pour Madrid. Bienvenido a España !
23h55. Départ pour Santa Cruz en Bolivia. Et c'est parti pour 11h de vol ! Au fait, si jamais vous cherchez une bonne nuit de sommeil, tout confort, je vous conseille une petite traversée de l'Atlantique derrière un adorable petit bébé qui s'exerce en vocalise et un équipage charmant qui décide de servir le repas à 2h du mat'. Santiago a été plus malin que moi, il avait prévu bouchon à oreilles, oreiller et couverture, tout ce dont j'avais eu la prévoyance d'amener bien sûr... Cette grande âme a eu pitié de moi, si bien qu'il a discrètement chapardé l'oreiller de ce pauvre señor boliviano. Lo siento, señor !
Et attention, il est l'heure du tour de magie ! Mesdames et messieurs, 11h de vol en partant à 23h55, cela nous fait arriver à ? A ? Et bien oui, à 6h du matin, c'est bien ça ! Vive la magie ! Bienvenido en Bolivia ! Bienvenido en el pasado !
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